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好文章太多了,看不完說~~這是法國世界報三月十五日登的,國際關係名家Thierry de Montbrial發表的評論,我跟Manu都超喜歡他的,每次都要取笑Manu說他的課外讀物是Thierry的書,壓根就是一個太認真~~

這一篇文章是關於多極體系的形成,這世界是多極體系?還是美國超強的霸權?

Un monde multipolaire en formation, par Thierry de Montbrial
LE MONDE | 14.03.07 | 14h07 • Mis à jour le 14.03.07 | 14h07

Le monde bipolaire a disparu avec la chute de l'Union soviétique, en 1991. Le monde monopolaire qui a émergé des décombres du système communiste pourrait ne pas survivre aux élections américaines de "mi-mandat", en novembre 2006. Celles-ci ont mis un terme à la toute-puissance de George W. Bush. La multipolarité, que la France appelle traditionnellement de ses voeux, commence à devenir réalité. Il importe de comprendre les causes et la signification de ce processus. Et les Européens doivent en tirer les conséquences.



Au cours des années 1990, les Etats-Unis dominèrent le monde, si l'on peut dire, par défaut. On avait d'un côté une Amérique en plein essor économique, dotée de capacités technologiques en matière militaire sans équivalent ailleurs, et auréolée de l'image du vainqueur, l'idéologie libérale ayant gagné la guerre froide. En face d'elle, une Chine certes en pleine expansion, mais encore loin du peloton de tête et en proie aux affres du sous-développement ; un Japon comme frappé de paralysie depuis la fin des années 1980 ; une Inde sortant à peine d'une stagnation longtemps entretenue par les choix idéologiques du Parti du Congrès ; une Union européenne déstabilisée par la perspective d'avoir à absorber les Etats qu'on appelait précédemment les "pays de l'Est" ; une Russie, enfin, tellement délabrée qu'on a pu se demander si elle n'allait pas se décomposer jusqu'à se réduire au "grand duché de Moscou"...

Tout a basculé avec le nouveau siècle. Les attentats du 11 septembre 2001 ont fait prendre conscience d'un nouveau type de risque, qu'on a appelé "hyperterrorisme", non directement lié aux Etats. En décidant d'intervenir en Irak, l'Amérique a involontairement contribué à l'accroissement des désordres, et donc des menaces au Moyen-Orient. En immobilisant dans cette partie du monde des forces considérables, elle s'est trouvée obligée de restreindre drastiquement l'éventail de ses options par ailleurs, encourant une formidable perte de prestige. L'image d'une suprématie militaire fondée sur la technologie s'est brouillée.

Le retour du soldat est un signe de tempêtes. Depuis novembre 2006, la question n'est plus de savoir si les Etats-Unis vont retirer leurs troupes, mais quand et comment. Le rêve d'un grand Moyen-Orient démocratique s'est évanoui. Chacun sait désormais que le colosse technologique américain a des pieds d'argile. La parenthèse de l'hyperpuissance américaine est refermée. D'autant plus qu'en face de l'Amérique affaiblie le paysage a aussi beaucoup changé. La Chine s'affirme aujourd'hui clairement, dans tous les domaines, comme la troisième puissance de la planète. Elle affiche son objectif d'une société harmonieuse, sur le plan national comme sur le plan international, mais ne néglige pas pour autant la promotion de ses capacités militaires ou spatiales. Elle mène une politique extérieure active, notamment sur le continent africain.

Le Japon est sorti de sa relative hibernation et multiplie les signes d'un appétit retrouvé pour la puissance. L'Inde bénéficie de sa conversion partielle au libéralisme économique du début de la précédente décennie et entend marquer le système international de son empreinte, notamment dans le domaine commercial. A ces pôles émergents, il faut ajouter l'Union européenne, bien qu'elle soit empêtrée dans ses rigidités économiques et sociales et dans des difficultés institutionnelles qu'elle ne parvient pas à résoudre.

Quant à la Russie, elle est en pleine renaissance, au grand dam des idéologues occidentaux, qui déplorent le recul de la démocratie. Lorsque Vladimir Poutine est arrivé au pouvoir, en mars 2000, l'Etat était en pleine déconfiture, et le prix du pétrole était si bas qu'on ne voyait pas comment il pourrait boucler son budget. Dans ce domaine, le successeur de Boris Eltsine a certes été servi par la chance, mais il a su répondre aux aspirations d'une grande majorité de sa population en restaurant l'autorité publique et en initiant un processus de croissance économique tout à fait remarquable.


FAIRE FRONT FACE À L'HYPERTERRORISME


Sur le plan extérieur, le retour de la Russie est manifeste, aussi bien en Europe (Serbie) qu'au Moyen-Orient (voyage de Poutine en Arabie saoudite) ou encore en Inde. Les récentes déclarations du maître du Kremlin à la conférence sur la sécurité de Munich, son hostilité aux projets d'extension des systèmes antimissiles dans les nouveaux pays membres de l'OTAN, l'embarras que toutes ces initiatives soulèvent à la Maison Blanche, manifestent amplement que les temps de l'humiliation sont révolus.

Le monde est donc en train de devenir multipolaire. La distribution des rôles est cependant loin d'être stabilisée. Les Etats-Unis se portent toujours fort bien sur le plan économique. Le dynamisme du peuple américain reste vigoureux. Ne sous-estimons pas les chances d'un rebond après les prochaines élections présidentielles. Les autres pôles manifestent tous de sérieuses fragilités. La Chine doit faire face à de redoutables problèmes sociaux et environnementaux. Le Japon ne paraît nullement prêt à affronter son protecteur. L'Inde reste une puissance essentiellement régionale. L'Union européenne est loin de pouvoir se présenter comme un acteur cohérent. Et la Russie est un pays en convalescence.

Sur un autre plan, ce système multipolaire en voie de formation diffère à plusieurs égards, en dehors du nombre, de l'ancien système bipolaire. Ce dernier était hétérogène au sens le plus extrême du terme, c'est-à-dire marqué par des idéologies radicalement incompatibles. En ce sens, le duel américano-soviétique fut une lutte à mort. Aujourd'hui, les pays occidentaux s'en prennent à la Chine ou à la Russie au nom de la démocratie et des droits de l'homme. Les pays concernés leur reprochent leur arrogance, mais ils reconnaissent devoir évoluer dans cette direction, à leur rythme.

Il en résulte que la rivalité entre les pôles concerne davantage les dimensions classiques de la puissance (économique, militaire, territoriale.. ) que l'idéologie. Ni la Chine ni la Russie n'entendent remettre en question leur ouverture à l'Ouest sur le plan économique. Surtout, tous les pôles s'entendent sur la nécessité de faire front face au défi commun de l'hyperterrorisme. C'est ainsi qu'il convient d'analyser l'accord provisoire avec la Corée du Nord, pour lequel la Chine a joué un rôle essentiel. Dans le cas de l'Iran, la situation est plus compliquée. Mais on peut parier que l'Iran sera un test majeur pour la stabilité du nouveau système international en voie de formation.

Thierry de Montbrial pour "Le Monde"
Article paru dans l'édition du 15.03.07.

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3232,36-882865,0.html

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